L'esprit et la matiére

Publié le par Initiative Rabbinique





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   PARACHAT REE 

               

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L'esprit et la matiére sont -ils antinomiques?

 

            « Car, jusqu’à présent, tu n’es pas arrivé vers le repos (menou’ha) et l’héritage (na’hala) que l’Eternel, ton D…, te donne » (Dt 12, 9). A priori, ce verset semble rappeler aux enfants d’Israël qu’ils n’ont pas encore atteint la terre promise. Mais comment expliquer la redondance des qualificatifs « vers le repos et l’héritage » qui désigne, à première vue, la terre sainte ?

 

            Dans le traite de Zeva’him (119a), le Talmud explique que le terme de na’hala se rapporte à Chilo où le sanctuaire a été établi pendant à peu près quatre siècles et la na’hala se réfère à Jérusalem. Ceci nous rappelle que l’installation de la divinité au sein du peuple s’est réalisée par étapes : le sanctuaire du désert, Chilo et Jérusalem.

 

            Le tabernacle du désert était composé de solives provenant de bois (Ex 26, 15). Ils constituaient la structure des murs. Le toit était réalisé avec plusieurs niveaux de tentures ou de tapis (ibidem 1). Ceux-là provenant de la peau des bêtes. Enfin, des socles d’argent étaient là (ibidem 19) pour assurer la solidité de l’édifice.  Les mondes minéral, végétal et animal étaient donc tous représentés, quoique le minéral en infime quantité.

 

            La configuration du sanctuaire de Chilo était déjà très différente puisque celui-ci était une maison de pierre avec un toit composé de tentures (cf. Zeva’him 112b et 118 a qui déduit cet enseignement de deux versets. Un premier qui désigne le temple de Chilo comme une maison  (I Samuël 1) et l’autre qui le décrit comme une tente (Ps 78). C’est donc qu’il possédait les caractéristiques respectives d’une maison et d’une tente). Les murs ne provenaient donc plus du végétal mais du minéral.

 

            Enfin, le Temple de Jérusalem était bien sûr construit de pierre. Quant à son toit, il était composé de planches de bois  et d’enduit (Tamid 4, 6), donc de minéral.

 

            A chaque déménagement, la présence divine s’établissait dans une demeure à chaque fois plus matérielle. En effet, le minéral gagnait de plus en plus de place et il est le niveau de réalité le plus matériel puisque dénué de vie et même de croissance. Le Chem miChemouël (Reé 5670, p.85) justifie cette évolution en soulignant que l’objectif de D… était précisément de s’installer dans le monde matériel. C’est pourquoi la sainteté envahissait toutes les dimensions de la vie, y compris le monde minéral [Evidemment, cette consécration du monde par l’homme ne peut se faire que par étapes]. En cela, le Temple est une na’hala, un héritage, qui passe de génération en génération, héritage sans fin, car la sainteté, elle aussi, doit traverser tous les niveaux de vie. C’est donc l’ensemble de la création qui servira D… .

 

            Ainsi, la matière n’est pas l’ennemie de la spiritualité. Au contraire, si elle est canalisée vers le service divin, elle acquiert elle-même le cachet de la sainteté. Elle devient alors le socle de la spiritualité.

 

            Au-delà de l’espérance en la reconstruction du Temple par D…, il est bien évident que chaque juif peut mettre sa pierre à l’édifice sacré et notamment en intégrant dans sa vie religieuse ce qui fait sa vie de tous les jours.

 

Rabbin Jacky Milewski

 

Publié dans PARACHA DE LA SEMAINE

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