PARACHA BO PAR LE RABBIN YONI KRIEF

Publié le par Initiative Rabbinique

D.ieu impose-t-il sa volonté à l’homme ?


Dieu investit Moise d’une mission : délivrer le peuple juif de sa condition d’esclavage en Egypte.


Il demande à Moïse de se rendre en Egypte, chez Pharaon et de lui ordonner de libérer son peuple de l’esclavage.


Cet ordre est assorti d’une annonce :

« Et moi, j’endurcirai le cœur de Pharaon et je multiplierai Mes signes et Mes prodiges dans le pays d’Egypte » (Exode 7,3).


De nombreux commentateurs à travers les siècles se sont posé un grave problème théologique fondamental : D.ieu impose-t-il sa volonté à l’homme ?


Comment poser la réalité de la liberté humaine face à l’omniscience et omniprésence de D.ieu ?


Comment concevoir la responsabilité de ses actes du monarque dans l’asservissement du peuple juif, si D.ieu déterminait par avance le choix du Pharaon ?

La première réaction du Pharaon sera de refuser de laisser partir ses esclaves hébreux qui lui rapportent tant.


Bien sûr le lecteur discerne l’absurdité de la position de Pharaon, il s’insurge, s’entête face à un D.ieu tout puissant. Il ne peut rivaliser.


Chaque plaie aura pour nature d’interpeller et de forcer la main du Pharaon, pour libérer les enfants d’Israël. En effet, par contrainte, il s’imposera l’idée d’un D.ieu providentiel, un D.ieu omniprésent, un D.ieu qui intervient dans l’histoire des hommes.

Pharaon a pris les Hébreux au piège en les aliénant au travail et les privant de leur liberté. Pharaon se trouve lui-même piégé dans le système totalitarisme qu’il a créé.

Rien n’échappe à Dieu et il en paiera le prix fort.

 

 

Quand l’homme s’endurcit, il commet une faute. Quand D.ieu endurcit, il n’est pas source mais juge du péché. D.ieu sanctionne quand l’homme se refuse de s’amender. Chacun peut décider de s’améliorer.


Ce récit biblique, parsemé de miracle à travers les plaies, en dépit de cela Pharaon s’en rend compte mais s’entête davantage.


Ses éclairs de lucidité sont bien vite étouffés par l’endurcissement de son cœur.

Il refuse les appels de D.ieu.


La responsabilité est totalement engagée. Même si tu as été choisi comme instrument pour asservir le peuple juif, tu gardes la liberté totale de refuser de jouer ce rôle. Ta mission est de l’asservir et rien ne t’oblige de l’opprimer cruellement comme tu le fais. Tu disposes de ton libre arbitre.


Pharaon est coupable d’avoir opprimé et persécuter le peuple juif par des décrets inhumains. Pharaon et ses sujets ont agi de façon délibérée. Ce n’est que justice de le punir sévèrement et de lui refusé de se repentir.

 

Si Pharaon libère les enfants d’Israël, cela doit faire de sa propre initiative et non pas des moyens coercitives.

 


C’est pourquoi de peur que pharaon perd son libre arbitre, D.ieu durcit son cœur, pour rétablir un équilibre indispensable et laisser une marche de manœuvre, un choix de libérer ou pas le peuple d’Israël.


En lisant de manière plus attentive ce récit biblique, on s’aperçoit nous dit le Sforno que D.ieu n’a pas endurci le cœur de Pharaon au cours des cinq premières plaies. Bien au contraire, c’est Pharaon lui-même qui endurcit son cœur et ignore la force de D.ieu contre laquelle on ne peut rivaliser. Cette perte d’autonomie de se corriger et de se repentir, fait déjà partie de la punition.


Ainsi, Dieu lui ferme les portes du repentir.


De plus, la multiplication du nombre de plaies et l’endurcissement du Pharaon joue aussi un autre rôle ; un rôle de pédagogie


L’intention de D.ieu est d’ancrer et d’affermir une confiance inébranlable dans le cœur des enfants d’Israël pour les générations à venir.

 

RABBIN YONI KRIEF

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article