LEH LEHA

Publié le par Initiative Rabbinique

PARACHAT LEKH LEKHA      Abraham-1.gif     

Lorsque Avraham apparaît sur la scène internationale de l’histoire juive, nous sommes en 1948 du calendrier hébraïque. Il a alors 75 ans ; D. lui enjoint : « quitte tout », littéralement « pars pour toi » (lekh lekha) c’est-à-dire dans ton intérêt.
Quel intérêt ?
Le Baal Hatourim nous ouvre un espace de compréhension en nous révélant que la valeur numérique des 4 lettres de l’expression lekh lekha « pars pour toi » est de 100 ; Le message adressé par D. à Avraham est ainsi le suivant : après avoir quitté ton pays d’adoption, dans 100 ans, quand tu auras 175 ans, Je ferai de toi une grande nation à travers la naissance de ton fils Yits’hak qui éternisera ta postérité.

Le 1er verset de la Paracha poursuit :
« pars pour toi ou pars vers toi, de ton pays, de ta ville natale et de la maison de ton père vers le pays que Je te montrerai, littéralement que Je te ferai voir, en hébreu « acher aréka ».
Pourquoi la fin du verset insiste-t-elle sur la vision ?
Le Ben Ich ‘Haï, le célèbre commentateur de Bagdad, nous propose 2 interprétations :

1) - Quand on étudie le Talmud Babli,le Talmud de Babylonie (le plus étudié et le plus accessible), l’énoncé d’un raisonnement est souvent introduit par les mots « TA CHEMA »- viens écouter, alors que dans le monde de la Kabbale, dont l’œuvre majeure est le Zohar, on s’exprime autrement : « TA ‘HAZE »-viens voir. Comment justifier cette différence ?
A l’époque du Talmud, la totalité du savoir talmudique (les lois, les raisons des enseignements) était transmise uniquement de manière orale . Les persécutions n’avaient pas encore justifié que l’on puisse autoriser à coucher par écrit le message talmudique ; c’est pourquoi on s’exprimait en disant  « TA CHEMA »-viens écouter.
Le Zohar, par contre, qui est la tradition ésotérique, la transmission des secrets de la Thora,  était enfermé dans toute une littérature kabbalistique, contenant plus de 200 titres dont des ouvrages tels que Sifra de l’Hanokh, Sifra de Chlomo Malka, Sifra de Rav Hamnouna Saba, Sifra de Rav Yeba Saba, sifra de Rabbi Rouspedaï ‘Hamid Liba, ou encore Sifra de Rabbi de Tsniyouta.
Il était donc nécessaire pour accéder à la connaissance mystique, de consulter des livres d’où l’expression « Ta ‘Hazé »-viens voir.

2) – La 2ème interprétation proposée par les commentateurs, ajoute le Ben Ich ‘Hai, clarifie la fin du verset.
La terre d’Israël fait appel à la vision alors que la diaspora fait appel à l’audition.

Le Talmud Babli, étant un produit de l’exil, impose donc l’expression « Ta Chema »-viens écouter, alors que le Zohar, né en Israël, impose l’expression « Ta ‘Hazé »- viens voir.
Cela signifie :
En dehors d’Israël, les miracles que réalise D. et auxquels on peut prétendre, sont cachés, habillés de raisons naturelles qui exigent par conséquent un décryptage prophétique ou rabbinique, afin de permettre la compréhension de l’événement et réaliser qu’il y a eu miracle. Il faut donc passer par le canal de l’écoute interprétative.
En Israël, les choses fonctionnent différemment : nous avons une perception plus immédiate, les miracles sont davantage de l’ordre du visuel, les choses sont plus patentes.

Nous comprenons maintenant l’ordre adressé à Avraham : pars pour toi, de ton pays d’origine qui est la diaspora (où tu te trouves sur le registre de l’audition) vers le pays où Je te ferai VOIR, car en Israël tu accèderas à la dimension du visuel.

Rabbin Didier WEILL
synagogue BUFFAULT

Publié dans PARACHA DE LA SEMAINE

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