Etre pleinement Juif en France

Publié le par Initiative Rabbinique

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Jamais une Histoire entre un peuple plurimillénaire, acteur de la Bible, et celle d’un pays, berceau de la civilisation occidentale n’a été à ce point mêlé, imbriquées, confondues …

L’histoire des Juifs de France s’étend sur plus de 2000ans.

 

C’est ainsi que l’on  trouve des traces juives, dans l’ancienne France, jusqu’à l’époque gallo-romaine comme le souligne l’excellente étude de l’historien Philippe Bourdrel dans son ouvrage « Histoire des Juifs de France ». Selon lui, la présence des Juifs en France remonte au IVe siècle après J.C « On découvre leurs traces, aux points stratégiques du commerce : dans les grands ports, aux nœuds routiers et fluviaux, partout où se tiennent les marchés de troc et d’échange ».

On les croisera à Marseille, à Vienne, à Narbonne et à Lyon, mais aussi à Clermont-Ferrand, Poitiers, Dijon, Troyes.

Puis ils viendront s’installer le long des vallées fluviales : Toulouse, Bordeaux, Arles, Avignon jusqu’à Paris.

Venant de tous les horizons, l’afflux des Juifs en France ne cessera pas, car à leurs yeux,  La France c’est tout simplement, le seul endroit au monde, où ils sont  tolérés.

 

Cependant, les différents temps, de l’Histoire de France relativisent, cette  situation   paisible en apparence. Sera souvent  remis en question, jusqu’à mettre parfois son existence en danger, au gré et aux bons vouloirs, des intérêts des différents  régimes établis qui se succèderont.   

 

C’est par la  Révolution Française en 1791, sous l’impulsion de l’Abbé Grégoire, que les Juifs conquirent leur émancipation et devinrent des citoyens de plein droit.

 

En effet, le 17 mars 1808, un décret promu par Napoléon 1er va instituer et pérenniser la première grande Institution  juive de France et unique en Europe : le Consistoire dont la fonction principale consistera à  géré la vie juive de  l’hexagone.

 

Ce décret exceptionnel inspirera, moins d’un siècle plus tard, les législateurs de la promulgation de la loi de 1905 qui aboutira à la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

 

Malgré l’évolution progressive du statut des Juifs au sein de la société française, l’affaire Dreyfus, les lois antisémites de Vichy, la déportation de  plusieurs centaines de milliers de Juifs, l’extermination de plusieurs milliers d’entre eux,  les déclarations du Général de Gaulle qualifiant le peuple juif de « sûr de lui-même et dominateur » vont fragiliser les relations entre la communauté juive française, et l’Etat français.

Mais c’est en France, pays des droits de l’homme ,que la plupart de Juifs venus des pays germaniques ,de l’est de l’Europe, puis dans la seconde moitié du XX è siècle, les Juifs d’Afrique du Nord, éliront domicile .

Là, où les droits les plus droits les plus  élémentaires leur furent octroyés. Plus qu’ailleurs…

 Là, aussi, où culture juive et culture française pendant des siècles furent non seulement étroitement lié, mais fondues dans un même moule. S’il est vrai que les Juifs ont  marqué la France de leur science, ils ont su montrer leur capacité à s’intégrer, et manifester leur fidélité

 

Sans faille à leur Patrie d’origine, la France, elle, de son côté, faut-il le rappeler, leur a  offert une terre propice à leur développement et à leur épanouissement, un espace de liberté qui leur permettra d’exercer et d’organiser leur culte en toute liberté. A quelques exceptions près.

 

Il était utile de revenir, même succinctement, sur ces quelques pages d’Histoire au moment où une polémique tend à s’installer sur la place qu’occupe l’Alyah, -le retour en Israël- dans la communauté juive française, son opportunité et la répercussion  qu’elle provoque dans les rapports passionnés et  passionnels qu’entretiennent actuellement les Juifs de France  avec la Patrie de Rachi, de Proust, de Blum.

La communauté juive de France a, obligation, en permanence, d’être  vigilante et de ne jamais transiger sur les questions de la survie et de la sécurité de l’Etat d’Israël, de toujours montrer les liens indéfectibles qui l’unie à cet état et cette terre, d’être solidaire, dès qu’un danger le menace.

 

Cependant, la vocation des cadres communautaires n’est pas d’inciter la population juive, à plus d’Alyah, mais bien plutôt de la structurer et de mettre tout en œuvre pour son épanouissement et son rayonnement  afin qu’elle puisse exercer son culte dans les conditions les plus optimales.

 

Pour nous, Rabbins, un juif peut parfaitement bien vivre sa foi, son judaïsme en France, dès lors qu’il s’appuie sur des instituions solides, fortes sur leurs bases et leurs valeurs, à l’image du Consistoire. Rabbins et Présidents de communauté ont pour mission de faire tout leur possible pour faciliter la pratique religieuse. En matière de sécurité, il est du devoir et de la responsabilité du C.R.I.F. d’être le porte-parole de la communauté juive, auprès des pouvoirs publics dont on sait l’application qu’ils mettent à assurer leurs tâches.

 

L’amour inconditionnel pour Israël doit être, pour nous, Rabbins, indiscutable mais ce sentiment d’affection et d’amour  naturel, ne doit pas pour autant, effacer notre attachement à la France.

Le judaïsme doit pouvoir se vivre en France. Rien ne nous y empêche !

C’est pourquoi nous pensons que le judaïsme a  encore de longs et de beaux jours devant lui dans ce pays.

 

 

Rabbin Mikael JOURNO

Président du Collectif d'Initiative Rabbinique  

Publié dans EDITO 1

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