PARACHA DE LA SEMAINE

Publié le par Initiative Rabbinique

CHOFTIM                                               

Avant son entrée en Terre Sainte, sachant que les conditions d’existence seraient différentes de celles qu’avait connues ISRAËL durant son séjour dans le désert, MOÏSE prévoit l’organisation d’un système de justice, identique à la structure que lui avait suggéré son beau-père YTHRO, quarante années auparavant. (Exode XVIII, 19-26). Nous savons que toute société, et le peuple juif n’échappe guère à la règle, ne peut bien fonctionner que grâce à un système de justice bien établi. 

Cela fait d’ailleurs partie des sept lois noachides applicables à touts les peuples de la terre. Ce sera donc là l’objet du début de notre sidra, à partir de laquelle ont été élaborés de très nombreux traités du Talmud en référence à cette notion fondamentale que représente la JUSTICE. 

Après cette brève introduction, nous comprenons mieux le sens des prescriptions édictées dans notre sidra. Elle nous indique en effet les différentes autorités devant assurer la direction du pays : le roi, le tribunal suprême et le grand-prêtre. L’appareil judiciaire aura notamment à statuer en matière de jurisprudence civile, pénale et criminelle. Il aura également pour fonction de traiter de questions de théologie, de pratiques religieuses et même de politique, dans le cas notamment où il s’imposera d’engager des guerres. 

Celles-ci ne pouvaient être conduites que par le roi, après consultation du Grand-Prêtre. En étudiant attentivement nos textes, nous pouvons nous rendre compte que la justice ne doit pas être rendue à la légère, simplement sur la foi de preuves erronées ou extorquées, d’aveux non contrôlés. On aura toujours recours à des témoins directs. Leur témoignage sera obligatoirement soumis à un examen très sévère, excluant toute forme de subjectivité. 

Telle se veut la justice fixée selon les normes indiquées par la Torah. Le roi, dont il est question dans notre sidra, représente le pouvoir politique. Il conduit la guerre en cas de nécessité, comme nous venons de le dire. De nos jours, il est symboliquement représenté par le Président de l’Etat d’Israël, le pouvoir effectif étant entre les mains du Premier Ministre et du gouvernement. Le roi sera donc l’un des chefs, mais pas exclusivement. 

Tout comme ses sujets, lui-aussi devra être soumis à la loi juive, écrite ou orale. Nous voyons là, qu’à part les honneurs liés à sa charge, le roi ne peut bénéficier d’aucun privilège particulier. Il a pour obligation principale de donner l’exemple. Il ne sera donc pas autorisé à exercer un pouvoir absolu et despotique et encore moins tyrannique. Le train de vie dû à son rang sera également limité, notamment pour ce qui est du nombre de chevaux mis à sa disposition. (Deutéronome XVII, 16). 

Quant au prêtre, à l’époque du Temple, il ne sera qu’occasionnellement le sacrificateur, sa principale fonction consistant à enseigner et à exercer des fonctions rituelles. De nos jours, le CHO’HET est généralement appelé sacrificateur, par usage conventionnel. Il lui arrive d’enseigner, de pratiquer des circoncisions et même de diriger des offices, sans qu’il soit nécessairement un prêtre, un COHEN comme c’était le cas à l’époque biblique.
 
En fait, le COHEN ne dépendra pas d’un groupe en particulier. Il sera au service de toute la collectivité religieuse. Ainsi, les différentes fonctions envisagées par le législateur divin montrent à quel degré chaque question relative à l’une d’entre elles mérite d’être soigneusement étudiée et examinée. S’y conformer est incontestablement une garantie de la solidité des structures de la communauté pour assurer ainsi la stabilité morale et matérielle de l’ensemble. 


HAPHTARA :


D’entrée de jeu, le verset 12 du chapitre LI d’ISAÏE par lequel débute notre texte, nous rappelle que nous sommes dans cette période de consolation qui va de la célébration du 9 AB à celle de ROCH-HACHANA. Cette semaine, nous en sommes déjà à la quatrième de cette série des sept textes de consolation. Le verset indiqué nous dit : « C’est moi, c’est moi qui vous console ! Qui es-tu pour craindre l’homme mortel et le fils de l’homme voué au sort de l’herbe ? » Par cette affirmation et cette interpellation, D.ieu tient à nous faire savoir qu’Il n’a rien changé quant à ses résolutions à notre égard.
 
C’est ISRAEL qui a changé, sans doute en raison des peuples puissants dont il avait à subir les persécutions. Lors de la sortie d’Egypte, ISRAEL ne se montrait pourtant pas épouvanté ni inquiet. Sa confiance en D.ieu était alors totale, ce qui n’a pas été le cas par la suite, selon le commentaire de MALBIM. RACHI de son côté, nous apprend que « nous, fils de JUSTES (TSADIKIM), dont les mérites furent grands, n’avons aucune raison de redouter la fureur des hommes, car ils seront appelés un jour à disparaître. Malgré leur force apparente, ils sont faibles en réalité. Plus loin dans notre texte, nous lisons au verset 16 : « J’ai déposé mes paroles dans ta bouche, et je t’ai abrité à l’ombre de ma main, voulant établir de (nouveaux) cieux et réédifier la terre, et dire à SION : Tu es mon peuple ». 

Assez curieusement, la première partie de notre verset vient nous indiquer qu’en raison du message sacré qu’ISRAEL est chargé de faire connaître à tout l’Univers, il en résultera inévitablement une haine et une violence contre lui. Nous en avons souvent fait la douloureuse expérience. Malgré tout, ISRAEL est invité à accepter l’idée selon laquelle il doit se sentir assuré de la protection divine, car, même si son salut risque de paraître aussi long et difficile à réaliser que lors de la création du ciel et de la terre, la promesse de D.ieu finira un jour ou l’autre par s’accomplir. 

« Pour établir de nouveaux cieux et réédifier la terre », sont les termes de la doctrine du Judaïsme. C’est bien tout un programme. En général, les hommes ont tendance à opposer le ciel et la terre, le divin et l’humain, le spirituel et le temporel. Pour nous, par contre, tout est conciliable. Rien n’est incompatible. Les lois contenues dans la Torah et confirmées par nos prophètes ont pour objet de nous inviter à préparer ici-bas le royaume des cieux. 

Notre existence terrestre n’est pas synonyme de refus des biens matériels que D.ieu a mis à notre disposition, si nous savons en tirer le meilleur usage possible. Car le but essentiel de notre existence sur terre est bien de rapprocher le monde à la cause de D.ieu, pour qu’un plus grand nombre d’êtres humains, toutes opinions confondues, finisse par Le reconnaître comme étant le Suprême Souverain. C’est donc dans ce sens qu’il convient de comprendre ce passage d’ISAIE, XXV, 3, disant : « C’est pourquoi, des peuples forts Te révèrent, les cités de nations puissantes te craignent. » 

De quelle force s’agit-il ? C’est celle que peuvent nous donner les MITZWOTH. Leur réalisation par nous-mêmes, est destinée à amener d’autres hommes que nous, pour les inviter à emprunter le chemin de D.ieu. Osons le dire : La fidélité aux commandements divins aura un jour pour résultat d’inspirer le respect à toutes les nations. Celles-ci, en raison de leur force, n’ont cependant pas hésité, tout au long de l’Histoire, à s’en prendre à nous, uniquement à cause de ce que nous représentons. Envers et contre tout, il nous faut donc attendre avec confiance la fin de tous nos malheurs, confiants en cela aux promesses transmises par les prophètes d’Israël.


Grand Rabbin Alain GOLDMANN
Grand Rabbin du Consistoire de Paris Ile de France

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