PARACHA DE LA SEMAINE

Publié le par Initiative Rabbinique

PARACHAT BALAK

 

                                                          

 

                                           La morale au fondement de la puissance images.jpg

 

            L’intégralité du passage consacré à la dispute qui opposa Bilam à son ânesse parait totalement superflue. En effet, qu’est-ce que cette histoire peut bien nous enseigner outre les mésaventures du prophète des nations qui fait des misères à sa bête ?

            En fait, cette lutte entre Bilam et l’ânesse et la défaite du prophète qui s’ensuit annoncent l’échec de l’entreprise de celui qui voulait maudire Israël. C’est dans la confrontation qui l’oppose à son animal que le prophète des nations dévoile la plus grande de ses faiblesses, celle à cause de laquelle il ne parviendra pas au bout de sa mission.

            «Que t’ai-je fait pour que tu me frappes à trois reprises ? » se plaint la pauvre bête. Il est vrai que cette fois, l’ânesse n’avance pas. Elle ne suit pas le bon chemin, puis écrase le pied de Bilam contre un mur et enfin croule sous le poids de son cavalier. Mais est-ce une raison pour la frapper, elle qui a toujours appliqué la volonté de son maître à la lettre sans jamais le décevoir ? Parce qu’elle se montre déficiente une fois, elle mérite la mort !

            Bilam, le prophète, aurait pu se douter que quelque chose dérangeait l’ânesse, quelque qui l’empêchait de poursuivre sa route.

            « Pourquoi me frappes-tu ? ». L’animal convoque Bilam devant la justice de la conscience, devant le tribunal de la morale. Ton geste est-il juste ? Morale ?

            « Il répondit : non ». Toute la sorcellerie, la magie, la puissance spirituelle de Bilam ne peut rien contre l’exigence de morale et d’éthique formulée par la bête.

            C’est là que le prophète ouvre les yeux et perçoit l’ange qui obstruait le passage. Cet ange est la loi morale que D… a inscrite au plus profond de la vie et de la nature. « Bilam dit à l’ange de D… : J’ai fauté ». Pour la première fois de sa vie, le prophète reconnait ses déficiences morales. Bilam est un géant de l’esprit mais la justice primaire lui manque. Sa puissance spirituelle échouera face à l’exigence de justice et de morale que représente Israël.

            D’ailleurs, la révolte morale de l’ânesse évoque la parole que Moïse adressa à un israélite faisant violence à un autre au début du livre de l’Exode : « Méchant ! Pourquoi frappes-tu ton prochain ? » (Ex 2, 13).

            Plus tard, en un instant de vérité sur lui-même, Bilam s’exclamera : «Que mon âme meurt de la mort des hommes droits ». Les hommes droits en question sont les trois patriarches dont la vie est racontée dans le premier livre de la Torah appelé « le livre de la droiture ». Abraham, Isaac et Jacob excellaient dans la justice et la droiture, dans l’éthique et la vertu. Là où précisément le géant de l’esprit des nations péchait.

Rabbin Jacki MILEVSKI

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