La Techouva

Publié le par Initiative Rabbinique

jd120.jpg
Roch Hachana ,notre nouvel An se fait sans réveillon et sans cotillon, sans cépage et sans champagne mais c'est un moment réserve a la prière et a la méditation. cependant sommes-nous conscients de l'importance de ce jour ? Savons nous quel est l'enjeu de cette solennité ? Aujourd'hui, D.ieu va juger toutes les créatures de l'univers. Mais le Créateur avait-il  besoin de fixer un jour particulier pour ce jugement ?                                                    
Nos Sages disent : " Un oeil regarde, une oreille écoute et toutes les actions sont inscrites dans un livre" Rien, non, rien n'échappe au Très Haut De plus ce jugement serait-il celui qui se tient dans l'hémicycle d'un Palais de Justice. A-t-il besoin d'écouter les plaignants, les intéressés la partie civile, les témoins retenus pour l'audience, afin de prononcer son verdict ? En réalité, ce jour est un appel à l'introspection, à l'examen de conscience de tout un chacun afin de nous remettre en question. Dans notre calendrier, les fêtes brillent comme des pierres précieuses, chaque pierre a sa couleur, chaque fête a son éclat spécifique. Ce point commun a chaque évènement est d'élever l'homme au dessus du courant tumultueux de la vie. 
La diversité des fêtes vient renforcer l'homme afin qu'il ne s'oublie pas dans la grisaille du temps, la course effrénée de son existence. Tout au long de l'année nous avons été envahis par un certain nombre de tourments, de difficultés, d'inclinations. Nous avons commis un certain nombre d'erreurs, de fautes. Nous n'avons pas eu le temps, ou la volonté d'analyser, de faire le bilan de ces égarements.
En effet, tout pécheur est en délit de fuite. De qui fuit-il ? De lui-même ? Quiconque faute, le remord l'envahit, sa conscience est heurtée. Que fait-il alors ? Il court dans le domaine public, vers un lieu où le tumulte, l'effervescence de la vie font taire le léger murmure de son âme blessée. Le pécheur a peur de se retrouver avec lui-même et de réfléchir sur sa situation.

Il court après de nouvelles impressions et sensations quotidiennes afin de ne pas rester un seul instant avec sa conscience intérieure. Plus l'homme s'éloigne de lui-même, plus il éprouve une certaine répulsion pour sa personne et plus il est aliéné (étranger à lui-même) : une faute en entraîne une autre.
Plus ses erreurs se multiplient et plus sa peur de se retrouver face à lui-même ira grandissante. Il ne lui reste qu'une seule possibilité, tout au moins lui semble-t-il : c'est d'être emporté par le flot de la vie et de ses délectations. Comme cet ivrogne qui appréhende de constater l'amère réalité dans laquelle il se trouve, et a besoin de morphine : pour connaître un peu de bonheur dans sa fiction. L'ivrogne ne sait-il pas que ce bonheur est mensonger ? Malgré tout, il préfère ses fantasmes à la réalité profonde dans laquelle il ne trouve aucune goutte de réconfort, de consolation. Le fauteur, prisonnier  dans le piège que lui a tendu le Yetser Hara préfère boire le verre des délices de ce monde-ci jusqu'à la lie afin de s'enivrer, de s'oublier et de s'affranchir ainsi de ce dialogue, peu agréable à ses yeux, avec la partie divine de son âme que l'Eternel  a insufflé en lui. La Techouva, la Pénitence, c'est avant tout s'arrêter, et retrouver le point où l'on a commencé à fuir. Revenir du domaine public, des futilités de ce monde vers le domaine privé de son âme.

Nous pourrons alors nous retrouver et ceci nous permettra de nous dégager de notre ivresse et de notre cécité. De là le concept de Téchouva, de repentir. Il ne s'agit pas seulement de regretter, ou de prendre des engagements ou des résolutions ; il  faut aussi et surtout faire Téchouva, faire un retour.
Il est dit : " tu reviendras jusqu'à l'Eternel ton D.ieu", c'est à dire qu'il faut revenir vers D.ieu qui est en toi, avoir une oreille attentive à la voix de ta conscience, alors tu trouveras les potentialités de la partie divine qui est en toi : ne pas écouter les voix extérieurs mais la voix intérieure.

Pour arrêter un Juif qui fuit, qui court de toutes ses forces, la Torah a placé des signalisations : stop, danger, ne pas dépasser, céder le passage. Chauffeur, la vie des hommes et entre tes mains ! Il existe quatre temps privilégiés : Elloul, Roch Hachana, Kippour et Hochana Rabbah. Tous ces temps sont des signalisations pour informer et interpeller un Juif, pour qu'il arrête sa course effrénée et sache quel virage de la vie il doit emprunter. Il faut trouver la voix royale.

Un homme vient voir son maître et lui demande : " Rabbi, je désire me repentir, mais je ne sais pas comment m'y prendre."
" Pour pécher, tu savais comment faire ?
" C'est facile, le péchais d'abord, je savais ensuite !
" Parfait, fais la même chose maintenant : commence par te repentit tu sauras ensuite".
En effet, la Téchouva ouvre toutes les portes.

Que l'Eternel nous ouvre les portes de la Téchouva, les portes de la Parnassa (le travail), de la Santé et que cette Année soit le tremplin d'une vie au voisinage de l'Eternel. 

Rabbin Haim Tordjman

Publié dans LA TORA AUJOURD'HUI

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article