SENS De SOUCCOTH

Publié le par Initiative Rabbinique

Souccoth, sous les branchages de la paix                     images-copie-4.jpg

 

 

Souccoth - fête de Cabanes- clôture le cycle des trois fêtes de pèlerinage et invite le juif à sortir de « sa demeure fixe pour vivre une semaine dans une demeure provisoire ». A travers ce rite, le citadin sédentaire retrouve, un tant soit peu, la dimension nomade de ses ancêtres hébreux. Par-delà cette spécificité cultuelle, la tradition rabbinique met en évidence la dimension universelle que recèle cette solennité « écologique ».

 

- Quatre commencements pour une année :

Le Talmud[1] présente quatre Rosh Hashana, quatre débuts d'année situés le long d'un cycle liturgique et agricole. Sans entrer dans les détails techniques, retenons l'idée que notre calendrier insiste sur la notion de commencement plutôt que sur celle de fin. Point de fêtes de fin d’année dans le judaïsme, mais des inaugurations de temps. Au plan de la pensée religieuse, ces renouvellements invitent la conscience du croyant à se renouveler dans le service de Dieu. Recommencer à étudier, recommencer à prier, recommencer à s'engager dans la communauté, recommencer à aimer, autant de défis permanents pour la foi.

A l'analyse de ce découpage, nous distinguons deux périodes : celle qui va du 1er nissan au 1er tichri, et celle qui s'étend du 1er tichri au 1er nissan.

 

- Temps d'Israël et temps universel :

La première période exprime le temps propre d'Israël, depuis la sortie d'Egypte (naissance physique du peuple) jusqu'au don de la Torah (naissance de l'entité politique). A la lumière de l’enseignement de nos sages, la seconde période a ceci de particulier : elle interpelle l'universel. Ce fait surgit de façon manifeste lors des solennités de tichri : Rosh Hashana, anniversaire de la création d'Adam et Eve ; Kippour où le repentir d'Israël se conjugue avec celui de Ninive  (Jonas), quant à Souccoth, il était au Temple ce moment de joie, où les cohanim sacrifiaient soixante-dix taureaux pour les soixante-dix nations nées à Babel. Le coup de génie du calendrier juif, qui dénote une authentique vision universelle, est d'alterner tous les six mois, le temps singulier d'Israël et celui des peuples de la terre. Plutôt que de remettre à zéro les compteurs de l'histoire, la naissance de « la royauté de prêtre » convoque à une plus grande vigilance éthique à l'égard de l'humain.

 

- La pluie de bénédiction :

Cette dimension universelle de la fête de Souccoth ne s’exprime pas uniquement par le sacrifice des soixante-dix taureaux[2], mais le huitième jour, nommé Chémini Atséreth[3], nous demandons la pluie pour le monde entier. Bien que nous suivions les saisons du pays d’Israël, notre prière se manifeste à l’égard de l’humanité tout entière, sans distinction de peuple. Ici encore, le particularisme juif ne peut s’entendre que dans cette vocation de porteur de bénédiction pour « les familles de la terre »[4].

 

- Une solennité messianique : 

Le prophète Zacharie, l’un des derniers prophètes, révèle une autre dimension de Souccoth : cette fête deviendra, à la fin des temps, une solennité pour toutes les nations. Il faut relire le chapitre quatorze du prophète[5], où Zacharie décrit tout d’abord un terrible conflit mondial qui se déroulera à Jérusalem. Le vainqueur de ce combat sera Dieu Lui-même, reconnu « roi sur toute la terre. »

Après le déluge du feu des armes, une ère de paix débutera, et Souccoth soulignera cette fraternité universelle. De même que la fête de Pessah proclama la liberté d’un peuple, la fête de Souccoth marquera la naissance d’une humanité libérée de sa violence. La colombe de la paix aura enfin un lieu où se nicher, à l’ombre d’une maison aux rameaux verdoyants, évoquant la tente d’Abraham.

Notre planète ressemble, dit-on, à un village planétaire, mais pour l’heure trop de logis sont encore repliées sur leurs propres revendications. L’espérance d’Israël n’est pas de croire qu’un jour l’humanité deviendra juive, mais qu’un jour les hommes vivront l’amitié des cœurs sous les branchages de la Paix. 

Par P.HADDAD



[1] Début du traité Roch Hachana.

[2] Depuis la destruction du Temple, nous nous acquittons du culte antique par la lecture de la Torah concernant ces sacrifices.

[3] Huitième (jour) de clôture.

[4] Genèse XII, 1 à 3.

[5] Texte lu durant la fête de Souccoth.

Publié dans LA TORA AUJOURD'HUI

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E
« Parle aux enfants d’Israël, et dis: Le quinzième jour de ce septième mois, ce sera la fête des tabernacles en l’honneur de l’Eternel, pendant sept jours. Le premier jour, il y aura une sainte convocation: vous ne ferez aucune oeuvre servile. Pendant sept jours, vous offrirez à l’Eternel des sacrifices consumés par le feu. Le huitième jour, vous aurez une sainte convocation, et vous offrirez à l’Eternel des sacrifices consumés par le feu; ce sera une assemblée solennelle: vous ne ferez aucune oeuvre servile » Lévitique 23:34-36.<br /> <br /> Le mot Succah s'écrit סוכה en Hébreu et la valeur de ce mot est 91. Or, 91 est un nombre sacré au sein de la Kabbale : la lettre Kaf כ et la lettre Vav ו ont une valeur numérique de 26, qui est celle du Nom de Dieu יהוה. Les lettres Samekh ס et Hé ה ont pour valeur 65 qui est la valeur du Nom Adonaï אדני. Le mot Succah représente donc l'union de ces deux Noms Sacrés Divins. Adonaï est le Nom utilisé afin de nommer HaShem, pour ne pas prononcer le Nom Ineffable יהוה on lui substitue en effet celui d'Adonaï אדני. Lors de la lecture de la Torah, chaque fois que l'on voit le Nom Ineffable, on dit à sa place Adonaï, ainsi ce Nom est-il en Parole tandis que יהוה reste dans le secret du coeur du fidèle. Adonaï est donc l'expression de la potentialité du Nom Ineffable. Au sein de l'Arbre des Sephiroth, le Nom יהוה correspond aux six Sephiroth HaGaT, NaHiY (Hessed, Guebourah, Tiphereth, Netzach, Hod et Yessod). Ces six Sephiroth sont appelées Zeïr Anpin, ou ZA, le « Petit Visage » invisible en cet univers et cependant source de toutes choses. Le Zeïr Anpin est donc le Coeur centré sur la Sephirah Tiphereth. Le Nom Adonaï אדני est, quant à lui, en relation avec la Sephirah Malkhut, la Sainte Shekhinah ou Présence Divine en ce monde. La Shekhinah est également appelée Nuk, femelle, la compagne du Zeïr Anpin. C'est au travers d'elle qu'il se manifeste dans notre univers physique. La survie du monde repose sur l'union intime du Zeïr Anpin et de la Shekhinah. De cette union dérive le flux divin qui s'écoule en notre univers. L'union de la Shekhinah et du Zeïr Anpin est également l'union des sept Sephiroth en qui se conjoignent les forces masculines, actives et féminines, passives qui sont les principes de toute création. Cette union représente également l'union du Royaume spirituel supernel et du Royaume matériel inférieur. L'union de la Shekhinah, au travers du Nom Adonaï אדני, et du Zeïr Anpin, au travers du Nom יהוה, est ainsi manifestée par le mot Succah qui renferme l'essence de ces deux noms. Les sept Sephiroth sont représentées effectivement par le commandement de demeurer sept jours dans la Succah, chaque jour étant dédié à une Sephirah particulière. Chaque jour se manifeste ainsi une Sephirah qui transmet le flux divin du Zeïr Anpin vers la Shekhinah. Et cette manifestation est symbolisée durant la fête des Succoth par la réception des Sheva Ushpizin (les sept invités) qui sont les âmes sacrées des patriarches du peuple juif, chacun étant associé à une Sephirah particulière et à son énergie. C'est pourquoi un lieu spécifique est préparé dans la Succah à leur intention afin de recevoir successivement Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Aharon, Joseph et David afin qu'ils apportent l'énergie et l'essence divine manifestées au sein de la Sephirah à laquelle ils correspondent.<br /> <br /> Durant ces sept jours, prend place l'offrande des quatre espèces (Arba Minim) : hadasim (hadas הדס) (myrthe), aravot (ערבה) (saule), lulav (לולב) (palme) et etrog (אתרוג) (fruits). Ces offrandes se réfèrent également aux sept Sephiroth qui se manifestent durant cette fête. Les trois branches de hadas correspondent aux Sephiroth Hessed, Guebourah et Tiphereth. Les deux branches d'aravah représentent Netzach et Hod. Le lulav représente Yessod et les etrog Malkhut. Ces dans les lettres des noms des quatre espèces que nous pouvons déceler le mystère qui permet l'union du Zeïr Anpin et de la Shekhinah. Les lettres finales de chacune des espèces offertes nous donne la valeur de 70 : ס 60,ה 5 ,ב 2 , ג 3, et 70 est la numération de Sod (סוד) secret et de Yayin (יין) vin. Le vin est l'élément central de toute célébration, ainsi, les quatre espèces sont le symbole du vin célébrant l'union du Zeïr Anpin et de la Shekhinah. Les lettres initiales des quatre espèces (העלא) donnent la valeur de 106 qui est la valeur de la phrase récitée lors du Shema Israël : « b'khol levaekha » (avec tout notre coeur). Pour finir, ajoutons que le mot lulav a une valeur de 68 qui est la valeur du mot « 'hayim » (vie) et que les quatre espèces sont agitées trois fois dans chaque direction (sud, nord, est, haut, bas, ouest) et ce à quatre reprises, nous avons donc 18 mouvement, 18 étant la valeur de vie ( 'haï חי), répété quatre fois, cela nous donne 72 qui est la valeur de Hessed (Miséricorde).<br /> <br /> Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, octobre 2005 e.v. - 20 Tishri 5766.<br /> <br /> Note : Petit exercice basé sur le travail du Rav bar Tzaddok.
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<br /> kol akavod<br /> toda rabba<br /> <br /> Rabbin MIKAEL journo<br /> <br /> <br />